Outil SIAE : « Construire des projets de coopération »

Quelques prérequis à la coopération

Les idées fondamentales à retenir :

  • Les formes de coopération peuvent être d’intensité différente, plus ou moins intégrées.
  • L’impact du dispositif de coopération dans le temps, sur l’activité, sur la gouvernance et le degré de mobilisation nécessaire peuvent varier.
  • Il n’y a pas de meilleur projet de coopération qu’un autre, ce n’est parce qu’un dispositif de coopération sera plus complet, plus complexe qu’il sera plus pertinent qu’un autre.

Source :  « Associations & Coopération – Jouez collectif » publié par le Centre de ressources DLA Financement en collaboration avec France Active, Coorace, Chorum, Avise, IAE de Paris et Opale-Centre de Ressources DLA Culture.

1- Faire ensemble ou la coopération économique

  • Objectif 
    Apporter une réponse nouvelle en termes de service ou d’organisation, qu’aucun des partenaires ne peut mener individuellement (appel d’offre, appel à projets, test d’une nouvelle activité, duplication d’une activité, amélioration des services existants, etc.)
  • Avantages
    Augmente la performance économique : interconnexion entre filières, nouveaux marchés, etc.
    Favorise la montée en compétences des équipes : nouveaux savoir-faire, nouveau management.
  • Inconvénients 
    Peut provoquer une forte dépendance de certaines structures vis-à-vis des autres ou du groupe (les enjeux organisationnels et relationnels sont complexes).
  • Facteurs clé de succès
    Définir sa stratégie en interne avant d’aller à la rencontre des autres.
    Animer le fonctionnement de la coopération et capitaliser sur les expériences réussies.
    Définir collectivement le niveau d’engagement attendu et tester l’implication effective de chacun.

2- Faire avec ou la coopération de moyens (mutualisation)

  • Objectif 
    Mettre en commun des ressources tout en maintenant son cœur d’activité : mutualisation d’un lieu ou du matériel, partage des ressources humaines, mutualisation financière par exemple via un fonds de dotation, etc.
  • Avantages
    Permet de diminuer les coûts individuels par la mise en commun et l’amortissement des coûts fixes.
  • Inconvénients
    Génère des coûts de coordination.
  • Facteurs clé de succès :
    Travailler la confiance par des premières actions de mutualisation.
    Prévoir un système d’évaluation pour corriger les écarts entre ce qui est attendu et ce qui est effectivement obtenu.

3- Faire corps ou la coopération stratégique

  • Objectif
    Parler d’une seule voix pour appuyer avec force un message commun.
  • Avantages
    Permet de gagner en visibilité et de proposer une offre coordonnée sur le territoire.
  • Inconvénients
    Suscite l’impression de réduire les capacités de représentation individuelle.
  • Facteurs clé de succès
    S’accorder sur le message, les objectifs, les médias et les risques en termes d’image.
    Partager une vision commune en termes d’enjeux et de priorités.
    Formaliser la coopération dans un document de référence qui rappelle l’origine de la collaboration, valide les intentions de chacun et présente la coopération aux partenaires.
    Éviter de coopérer par effet de mode ou uniquement pour accroître sa visibilité.

Point de vigilance : La fusion, une forme de coopération ?

S’il ne faut à priori exclure aucune forme de coopération, nous avons fait le choix dans cet outil de ne pas évoquer les fusions comme un projet de coopération. Considérant que la coopération implique le fait de travailler ensemble en conservant une part d’autonomie et d’identité, les fusions ne semblent pas entrer dans ce cas de figure. Cependant, une fusion pourra être dans certains cas un potentiel débouché à un dispositif de coopération qui s’est bien déroulé et qui a montré son efficacité, à tel point que la co-existence de plusieurs structures ne se justifie plus.

La coopération peut être imposée ?

FAUX : le processus de coopération ne peut être imposé par des acteurs extérieurs. En revanche, il peut-être impulsé.

La coopération est un entre soi ?

FAUX : à la base, elle est installée entre des acteurs qui se connaissent et se font confiance mais doit rester impérativement ouverte sur le monde, pour maintenir son dynamisme et son efficacité.

La coopération est moins efficace et moins efficiente ?

FAUX : à longs-termes, la coopération permet, s’il elle n’est pas imposée et si elle est ouverte, des gains de temps, d’efficacité  notamment sur des projets de développement, de consolidation mais encore d’investissement.

La coopération empêche innovation et créativité ?

FAUX : bien au contraire, une coopération bien menée peut permettre une inventivité dans la création de projet et la création d’activité.

La coopération est au service de la réduction des dépenses publiques

FAUX : de notre point de vue, il ne faut pas considérer la coopération comme un moyen de réduire les couts des acteurs publics, mais plutôt comme un levier de développement des projets et des territoires.

La coopération coûte chère ?

VRAI et FAUX : la coopération peut couter cher en temps et en énergie, surtout au début de la démarche. En revanche, une fois le projet de coopération opérationnel, le cout du projet s’amenuise jusqu’à devenir une plus-value économique.

L’empathie

« Faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent. » Dictionnaire Larousse

Une coopération est une action à plusieurs. Pour la mener à bien, il faut dépasser l’intérêt propre de la structure que l’on représente et penser comment celui-ci peut se concilier avec l’intérêt des autres. Il faut identifier et créer un intérêt collectif.

La persévérance

« Action de persévérer. Demeurer ferme et constant dans un sentiment, une résolution. » Dictionnaire Larousse

Un projet de coopération peut être long et semé d’embûches. Il ne faut pas se décourager et aller jusqu’au bout du projet.

La volonté

« Faculté de déterminer librement ses actes en fonction de motifs rationnels ; pouvoir de faire ou de ne pas faire quelque chose. » Dictionnaire Larousse

Une coopération ne peut être imposée. Si elle n’est pas le fruit d’un choix libre et autonome de ses parties prenantes, la recherche d’un intérêt collectif sera très difficile.

Le partage

« Fait de partager quelque chose avec quelqu’un. » Dictionnaire Larousse

Une coopération est un projet collectif dans lequel on s’engage à partager une action avec quelqu’un d’autre, à en partager le pilotage, à en partager les bénéfices, etc. De cet engagement partagé découle la nécessité de trouver un équilibre dans les relations entre les parties prenantes et de respecter les identités respectives.

La transparence

« Qualité d’une institution qui informe complètement sur son fonctionnement, ses pratiques. » Centre national de ressources textuelles et lexicales

Pour être efficace la coopération doit se construire sur la confiance et la transparence entre les acteur·rice·s.

Chantier école Île-de-France et le Centre de ressources pour les groupements d’employeurs – CRGE ont recensé de nombreuses pratiques de coopérations sur le territoire de la Seine-Saint-Denis.

Pratiques de coopération non formalisées

  • Prêts de locaux ou de matériels :
    un ACI du secteur du bâtiment propose une partie de ses locaux à une troupe de théâtre, pour qu’elle y entrepose leurs décors, en échange d’ateliers collectifs sur la prise de parole et l’estime de soi, pour les salarié·e·s en insertion.

Pratiques informelles formalisées

  • Collectif d’associations :
    Cultivons la Ville œuvre dans le champ de l’IAE autour de l’agriculture urbaine et l’alimentation durable. Ici, la coopération se joue sur la mise en commun de compétences et de ressources humaines (personne en charge de création de projets liés à l’agriculture urbaine), mais également sur la montée en compétence des structures, via des formations adaptées.

Pratiques de réseaux

  • Le réseau des SIAE de la Seine-Saint-Denis : Le réseau Inser’Eco93 appuie et soutient les dynamiques de coopération entre SIAE du territoire mais également entre SIAE et entreprises dites « classiques ».
    Preuve en est !

    • Une convention de partenariat a été signée en février 2021 sous l’égide du réseau Inser’Eco93, entre les associations intermédiaires (AI) et les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI), membres actifs du réseau, pour répondre collégialement au besoin exponentiel du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis en matière de remplacement d’agents d’entretien et de restauration dans les collèges.
    • Le réseau coordonne les prestations de remise en peinture des collèges du département assurées par pas moins de 14 SIAE différentes, et ce depuis 2013. Aujourd’hui, les 5 AI du département travaillent en sous-traitance des 14 SIAE (EI, ACI et RQ) ayant répondu au marché.
    • Inser’Eco93 accompagne aujourd’hui 4 SIAE, spécialisées dans le textile, à l’édification et à la structuration d’une filière textile intégrée.

Le rôle de coordination du réseau est par conséquent primordial dans ce type d’action. Il offre à la fois :

    • une interface de médiation entre les différentes parties prenantes du projet
    • une ingénierie de répartition territoriale et de chiffre d’affaires.

Formes de coopérations particulières

  • Groupements momentanées d’entreprises (solidaires) – GME(S) :
    des EI et des AI s’associent afin de répondre en co-traitance à des marchés publics.
  • Pôles territoriaux de coopération économique – PTCE :
    La SCIC Le Phares regroupe plus d’une quinzaine de structures de l’ESS dont 4 SIAE. Elle propose la mutualisation de services techniques (locaux, impressions, supports techniques, etc.), le développement de la coopération avec les autres acteur·rice·s du territoire (habitant·e·s, entreprises, collectivités, etc.) ainsi que le développement projets issus d’une coopération créative.
    Resto Passerelle regroupe des acteurs de la restauration inscrits dans l’ESS de proximité, ancrée à un territoire, et en particulier dans l’IAE dans l’objectif de coopérer sur des problématiques communes : formation, achats et approvisionnements, services extérieurs, etc.
    Les SIAE membres des PTCE sont essentiellement des ACI dont certains ont le statut de membre-associé voire encore de cogérant.
  • Joint-venture social :
    Une EI a développé une coopération économique avec une fondation autour de la clientèle et l’expertise de celle-ci.

Retour d’expériences des acteur·rice·s sur les freins et des avantages des projets de coopération des SIAE en Seine-Saint-Denis

L’état des lieux réalisé par Chantier école Île-de-France et le CRGE a fait émerger les

  • Les freins à la coopération :
    mise en place et suivi chronophage, difficulté de dégager du temps de travail pour le projet de coopération, rejet du projet de coopération par la direction ou la gouvernance, difficultés des différents partenaires de la coopération à parler le même langage, difficultés de se projeter dans des projets de coopération dans un contexte de ressources, de moyens et disponibilité réduits des SIAE, etc.
  • Les avantages de la coopération : la complémentarité des métiers et de l’expertise avec d’autres structures, la création d’un réseau de confiance et de partenaires sur le territoire, la possibilité d’innovation, la fin de la concurrence, la création de valeurs communes, la montée en compétence des structures, etc.

Pour en savoir plus sur des formes juridique des différentes coopération, voir la rubrique « XXX »

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